Bien avant que Nicolas Canteloup et Laurent Gerra ne se retrouvent en haut de l'affiche, une foultitude d'imitateurs ont exercé leur talent au fil des années.
Claude Véga (de son vrai nom Claude Thibaudat, né en 1930 à Paris), fut le précurseur dans le domaine de l'imitation. Capable aussi bien de s'emparer des voix masculines que féminines, (La Callas, Édith Piaf...), il était un des pionniers dans ce domaine, à l'instar d'Henry Tisot, célèbre imitateur du Général de Gaulle.
Jean Valton, autre imitateur méconnu et parfois oublié, singeait notamment Michel Simon à la perfection.
Mais c'est avec Thierry Le Luron que l'imitation prendra ses lettres de noblesse. Popularisée dans les années 1970 et 1980 par Thierry Le Luron, de Dalida à Alice Sapritch en passant par Valéry Giscard d'Estaing ou Georges Marchais, les victimes de Thierry Le Luron furent croquées avec panache. Il faut préciser qu'avant Le Luron, les imitateurs n'étaient pas considérés comme des «têtes d'affiche», mais plutôt comme des premières parties dans les cabarets.
Par la suite, d'autres ont pris la relève, comme Patrick Sébastien et Yves Lecoq, puis, dans les années 1990, Laurent Gerra, et plus récemment, Michael Gregorio et Veronic DiCaire, qui s'inscrivent tous deux dans le registre de la performance vocale.
En adoptant le débit syllabique et en en trouvant l'intonation correcte, l'imitateur peut approcher la voix de la personne qu'il incarne. Il doit également réussir à capter les tics et les manies, la gestuelle et toutes les postures physiques propres au personnage, pour être le plus juste possible. Lorsque l'imitation est réussie, le résultat est troublant et parfois, l'illusion peut être totale! L'imitation est encore plus juste si l'imitateur parvient à entrer psychologiquement dans la peau et dans la tête des personnalités qu'il imite. Certains disent que pour bien imiter quelqu'un, il faut l'aimer. Il est vrai que plus on apprécie un artiste, mieux on arrive à l'incarner. En revanche, certains imitateurs arrivent aussi à très bien croquer des personnalités qu'ils ne portent pas dans leur cœur, voire qui les irritent. En réalité, la personne imitée ne doit tout simplement pas laisser indifférent!
Ce n'est pas un secret, un imitateur ne parvient en fait jamais réellement à attraper la «voix» de ses victimes, puisque même si le résultat est très ressemblant et proche de l'original, la voix reste bien celle de l'imitateur. Il est donc impropre d'évoquer le fait de s'emparer de «la voix des autres». Vous l'aurez compris, un imitateur utilise bien sa propre voix (et ses propres cordes vocales!), qui, avec du travail, va pouvoir être modifiée. Certains imitateurs ont d'ailleurs plus besoin que d'autres de peaufiner leurs imitations. Cela dépend des facilités de chacun, mais un exercice régulier est évidemment indispensable pour conserver et améliorer ce talent.
Selon certains ORL, les imitateurs ont les cordes vocales dites asymétriques, c'est à dire une plus longue que l'autre, ce qui leur permettrait de pouvoir moduler plus facilement leur voix. Il s'agit donc d'une prédisposition, une sorte de malformation de la nature, en quelque sorte un don, qui aura permis à de nombreux imitateurs de faire carrière dans l'univers du spectacle !