Près de 6000 spectateurs ont assisté hier à Nice à la première date dela nouvelle tournée de Michel Polnareff. Un concert de rodage qui confirme que l'Amiral est toujours un des derniers patrons de la chanson française.
Le festival de Cannes avait de la concurrence hier soir. Michel Polnareff a volé la vedette au FIF car le temps d'une soirée, il était la star que tout le monde attendait sur la côte d'Azur. S'il avait été annoncé au départ un concert intimiste en piano-voix, c'est accompagné par cinq musiciens que l'Amiral, comme il aime à se surnommer, est arrivé sur scène à 20h30, dans un Palais Nikaïa rempli par ses milliers d'admirateurs.
Clairement en rodage, l'artiste ne s'en cache pas et l'annonce : « Ce soir, on fait des essais... et on a choisi Nice ! » Quelques bugs techniques, normaux sur une première date de tournée, émaillent la soirée. Michel s'exprime en anglais avec ses musiciens britanniques, rencontrés à peine une semaine plus tôt, mais la compréhension avec son nouveau groupe ne semble pas optimale. Sa compagne Danyellah reste à ses côtés sur scène tout au long du concert, et ne le quittera pas jusqu'à son terme, sa présence rassurante permettant sans doute à l'artiste de gérer un trac qu'on imagine conséquent, lui qui n'était pas monté sur scène depuis sept ans.
Les premières minutes laissent perplexes une partie du public, la star ayant fait le choix de démarrer par une chanson méconnue, Kama Sutra, en version très orchestrée par deux claviéristes, un batteur, un guitariste et un bassiste. Heureusement, les deux chansons suivantes, en acoustique et en piano-voix, Âme caline et Holidays, réchauffent l'atmosphère et confirment que le chanteur de 78 ans n'a pas perdu de sa superbe et est toujours capable d'envoyer ses aigus en voix de tête.
La légende chante souvent à côté de son micro, si bien qu'on ne l'entend pas très bien sur la première partie du spectacle. « J'ai l'impression d'être seul » lâche la légende au public niçois, réputé pour être des spectateurs peu généreux, avant d'ajouter « On est une équipe ! » à l'attention de la foule compacte.
TamTam (l'Homme préhisto) raccroche les wagons et captive les afficianodos du chanteur, subjugués. « Michel on t'aime ! »s'égosillent plusieurs moussaillons, pendant toute la soirée, face à cette scène tournante qui pivote à 360° tout au long des près de deux heures de concert. On regrettera que Lettre à France ait été amputée, seule l'intro ayant été jouée et pas le reste de cette chanson pourtant sublime, mais l'essentiel des tubes est bien là.
DeTout tout pour ma chérie à La poupée qui fait non en passant par L'amour avec toi et Je t'aime, tous ces titres qui ont contribué au succès de Polnareff scotchent les fans de la première heure.
Sous quelle étoile suis-je né ? est l'occasion pour le public de donner de la voix, le chanteur se retrouvant en osmose avec cette chorale géante, notamment sur la phrase "L'heure de ma mort". Des paroles sombres mais pourtant un très beau moment de communion avec l'auditoire, qui poursuit les choeurs sur la mythique mélodie Qui a tué grand-maman ?
La Mouche surprend son monde, dans une version parlée très groove qui met le bassiste à l'honneur. Mais c'est bien sur Le Bal des Laze, immense titre, que les frissons et l'émotion s'empare de l'ensemble du Palais Nikaïa.
Les lumières sont splendides et on ne peut que saluer le travail remarquable de l'équipe en charge de mettre en scène cette nouvelle tournée 2023.
Nombreux sont les spectateurs qui ignorent que Michel Polnareff était aussi un compositeur pour certains films, notamment La folie des grandeurs, dont le générique est joué en Live, diffusant sur l'écran géant des extraits des prestations intemporelles de Louis de Funès. On ira tous au paradis permet encore une fois aux 6000 fans de donner de la voix, avant un Goodbye Marylou qui conclut la soirée après 1h45 de concert. Réaction à chaud des spectateurs à l'issue de la soirée, certains ressortent un peu déçus qu'il n'y ait pas eu de rappel, d'autres sont frustrés d'avoir assisté à une répétition générale, mais globalement, les réactions positives ressortent. Viens te faire chahuter chante l'interprète à la crinière blonde, mais heureusement pour lui, la majorité des fans ne lui tient pas rigueur des quelques approximations et des nécessités d'affinages. Si « l'Ami râle », ce n'est pas le cas de l'ensemble du public qui se montre globalement indulgent : « Je l'ai trouvé très drôle, s'étonne un spectateur. J'ai découvert ce soir une autre facette de sa personnalité. » Il faut dire que l'icône aux lunettes blanches dispose d'un immense capital de sympathie, on sent qu'il a du métier, et qu'il sait parfaitement se mettre les Français dans la poche.
Il est rare de voir une grande star aussi « simple » et qui, malgré son statut, plaisante autant et semble s'amuser. Michel Polnareff confirme qu'il est l'un des derniers grands de la chanson française encore en activité. Compositeur de génie, immense auteur et interprète, on ne peut que s'incliner devant le nombre incroyable de tubes ancrés dans la mémoire collective.